POLITIQUE – La gauche parle d’elle-même. Battus au premier tour de l’élection présidentielle, divers représentants LFI, communistes, écologistes ou encore socialistes tentent d’engager des pourparlers sur les élections législatives des 12 et 19 juin. “Troisième tour”, selon certains, que la France insoumise aborde depuis une position de pouvoir après 22% réunis le soir du 10 avril.
La formation de Jean-Luc Mélenchon entend étoffer sa dynamique pour devenir la première force d’opposition à l’Assemblée nationale. Certains s’estiment même capables de cohabiter avec le futur chef de l’Etat. Dans ce contexte, les Insums ouvrent la porte aux discussions… Mais sous conditions et sans le Parti socialiste.
Plusieurs dirigeants exhortent écologistes et communistes à former une coalition, dans deux courriers publiés ce vendredi 15 avril, sur la base d’un “programme commun partagé” créé “par” celui qu’ils ont porté à la présidence.
Intergroupe et Union populaire
Les Insoumis, qui n’ont pas envoyé leurs courriers au PS, proposent à leurs rivaux de gauche d’adhérer à une étiquette commune, celle de l’Union populaire, pour construire une “majorité politique” au Palais Bourbon, écrit le député Adrien Quatennens, coordinateur de La France insoumise et Matild Pano, président du groupe LFI à l’Assemblée nationale.
Ils estiment que la base de cette alliance “devrait être un agenda commun partagé”, “construit sur la base de celui qui a recueilli le plus de voix à l’élection présidentielle : “L’avenir commun”. Des proches de Jean-Luc Mélenchon disent que chacun gardera son programme, mais ils parlent de l’AEC comme d’une “référence” pour le vote au Palais Bourbon.
“Cette nouvelle étape sera évidemment une coalition de partis et de mouvements, mais aussi d’individus, d’associations et de figures syndicales”, ont poursuivi les signataires, dont Orelli Truvou, président du Parlement de l’Union populaire, et Manuel Bompard, président de LFI. délégation au Parlement européen. Et d’ajouter : “chacun s’engagera à former un intergroupe à l’Assemblée nationale”.
Mais ce n’est pas tout. Les sommes, battues par Marin Le Pen avec 400 000 voix, ne sont clairement pas prêtes à tout ramener après une course présidentielle marquée par de violents échanges entre candidats de gauche. Dans leur lettre, les signataires n’ont pas manqué de souligner que “les relations se sont fortement détériorées durant cette campagne”, suite à “des accusations souvent blessantes et () des constats qu’il existe entre nous des difficultés insurmontables”.
Aliénation irrésistible du PS ?
Ils demandent aux écologistes et aux communistes de s’engager à “arrêter les attaques” et “d’expliquer aux électeurs qui ont cru vos paroles pour les persuader de se rassembler”. Des excuses publiques ? En tout cas, les divergences semblent trop fortes avec le PS – et sa trentaine de députés – pour inclure le parti Rose et Poing dans les discussions.
Ce sera “un peu plus compliqué” avec les socialistes, a déclaré mercredi à franceinfo Manuel Bompard, évoquant ces futures alliances pour les législatives. C’est la sortie de Carol Delga, présidente de la région Occitanie, ténor du PS, dimanche soir, après les résultats, qui finirait par convaincre Insoumis de continuer dans cette voie. “La différence entre Melanchon et les socialistes, c’est l’attachement à la république”, a-t-elle déclaré à France 2, évoquant le “communautarisme” ou la “justification de la violence”.
Mots qui ne passent pas dans le LFI. “Les déclarations de Carol Delga à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle sont claires : il n’y a aucune volonté de travailler avec nous”, a déclaré vendredi le groupe Figaro, expliquant la volonté de ne pas discuter de “cette scène” avec le parti d’Olivier Faure. .
Bien reçu à gauche
Pendant ce temps, le quatuor rebelle a invité les écologistes et les communistes à les rencontrer pour discuter, entre autres, “d’attribuer l’étiquette générale aux candidats aux élections législatives”. Pour eux, “la base de répartition peut être celle établie par les électeurs au premier tour de l’élection présidentielle, en appliquant le principe de proportionnalité commun à nos programmes”.
L’appel est généralement bien reçu par les différents responsables PCF ou EELV. Le président vert de la métropole lyonnaise, Bruno Bernard, comme la députée communiste Elsa Fosion, ont par exemple admiré la “main tendue” de LFI. Julien Bayou s’est également félicité de la reprise du “dialogue” ce vendredi, lors d’une conférence de presse, tout en appelant les troupes de Jean-Luc Melanchon à “jouer collectivement”.
Selon Le Figaro, le patron des Verts souhaite en revanche une “nouvelle méthode” d’allocation des investissements aux législatives. Il conjuguerait “prise en compte des résultats du premier tour de l’élection présidentielle et de la réalité de la dynamique électorale constatée lors des élections partielles”, écrit Julien Bayou dans sa contre-proposition, que le quotidien a pu consulter. Une démarche plus rentable pour les écologistes, car elle tiendra compte de leurs bons résultats aux dernières élections européennes ou municipales. Les négociations ne font que commencer.
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