France

Le Pen est soupçonné d’avoir détourné 137 000 euros d’argent public, selon un rapport européen

par Associated Press, Marine Le Pen, 13 avril 2022

ENQUÊTE – Marin Le Pen et ses proches ont été accusés par l’Office européen de lutte antifraude d’avoir détourné environ 600 000 € d’argent public européen pendant leur mandat de députés, selon un nouveau rapport de 116 pages publié ce samedi 16 avril par Mediapart et déféré à la justice française.

Interrogé par l’AFP, le parquet de Paris a confirmé avoir reçu ce rapport le 11 mars, actuellement en cours d’analyse. Les faits, annoncés par l’Office européen de lutte antifraude (OLAF), “sont susceptibles d’entraîner des poursuites pénales contre d’anciens députés”, indique le rapport.

Ce nouveau rapport de l’Olaf, dont Mediapart publie des extraits, aborde les coûts que les groupes politiques peuvent utiliser dans le cadre de leur mandat de députés. Selon le document, Marin Le Pen et ses proches l’utiliseraient à des fins politiques nationales, pour des dépenses personnelles ou au profit de sociétés commerciales proches du Rassemblement national et du groupe parlementaire d’extrême droite Europe des nations et des libertés. (ENL).

Plus de 303 000 euros demandés par Jean-Marie Le Pen

Olaf est impliqué dans Marine Le Pen, trois autres anciens eurodéputés – son père Jean-Marie Le Pen, son ancien compagnon Luis Alio et Bruno Golnish, membre du bureau national du RN – et l’ENL.

Le bureau les accuse d’avoir détourné environ 600 000 euros, qu’ils recommandent de récupérer. “Olaf a conclu que le comportement des quatre anciens membres du Parlement européen […] mettre en danger la réputation des institutions de l’Union », écrivent les auteurs du rapport. La candidate du Rassemblement national aurait personnellement détourné environ 137.000 euros d’argent public du parlement de Strasbourg lorsqu’elle était députée européenne entre 2004 et 2017.

Olaf réclame un peu plus de 303 000 euros à Jean-Marie Le Pen, environ 43 000 euros à Bruno Golnish et près de 2 500 euros à Luis Aliot, rapporte le site d’information en ligne. Environ 131 000 euros sont réclamés au groupe ENL.

Parmi les dépenses suspectes relevées par l’office : 23 100 euros d’objets promotionnels livrés au siège du FN et “apparemment achetés pour le Congrès” lors d’une soirée à Lyon en 2014, ou encore plus de 4 000 euros dépensés en achat de bouteilles de vin et qui étaient ” distribué par Bruno Golnish lors du même congrès”, détaille Médiapart.

“Des faits vieux de plus de dix ans” pour certains

“Je suis surpris par le moment toujours plus fort de la révélation et de son ‘instrumentalisation'”, a déclaré Rodolphe Bosselut, l’avocat de Marin Le Pen, qui fait campagne pour le second tour de l’élection présidentielle.

L’avocat s’est également dit “effrayé par la façon dont l’Office européen de lutte antifraude agit, sans polémique” et par “des faits vieux de plus de dix ans” pour certains.

Marine Le Pen “n’a été convoquée par aucune autorité judiciaire française”, a-t-il ajouté, regrettant également que ni lui ni son client n’aient reçu le rapport final. Selon lui, l’enquête d’Olaf est ouverte depuis 2016 et le député d’extrême droite a été interrogé par courrier en mars 2021.

Selon Médiapart, l’adjoint du RN a affirmé dans une réponse écrite à l’Olaf que le comptable belge Charles Van Hut, “un pilier du système frontiste au Parlement européen”, l’aurait laissé “ignorer ses activités extérieures”. Elle dit ignorer “la réglementation des entreprises, les relations entre elles, la présence ou l’absence de personnel en elles, leur objet social”.

Depuis juin 2017, Marine Le Pen est également poursuivie dans une enquête menée à Paris sur des soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen d’associés du parti. Elle est accusée de “détournement de fonds publics” et de “complicité” de ce crime dans le cadre de cette information judiciaire.

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