A une semaine du second tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen a de nouveau été accusée de détournement de fonds publics européens. Suite à son inculpation en 2018 des mêmes faits dans le dossier de ses assistants parlementaires européens, la candidate du Rassemblement national fait aujourd’hui l’objet d’un deuxième rapport de l’Office de lutte antifraude de l’Union européenne (OLAF), révélé samedi 16 avril. par Mediapart article réservé aux abonnés).
Cette fois sous caution : près de 137 000 euros, qui auraient été détournés à des fins personnelles par la finaliste à l’élection présidentielle lorsqu’elle était à Strasbourg entre 2004 et 2017. Au total, le parti est accusé d’avoir détourné 617 000 euros, en ajoutant les sommes figurant trois autres anciens eurodéputés RN, selon Mediapart, qui a publié des captures d’écran de plusieurs extraits du rapport.
1 Que reproche le rapport d’Olaf à Marin Le Pen ?
Dans ce document de 116 pages, l’Office de lutte antifraude de l’Union européenne demande au candidat RN le remboursement, à titre personnel, de 136 993,99 euros, “correspondant à divers abus commis par l’organisation antifraude du candidat”, selon Mediapart.
Ce rapport sollicite également trois autres anciens eurodéputés du Rassemblement national : Jean-Marie Le Pen, Luis Alio et Bruno Golnish. Les sommes réclamées s’élèvent à plus de 617 000 euros, selon Olaf.
L’enquête d’Olaf accuse également la candidate et ses anciens collègues eurodéputés d’une série de conflits d’intérêts. Mediapart rapporte qu’à plusieurs reprises le budget alloué par l’Europe au parti a été utilisé pour des dons à des associations dont des proches ou des membres du Rassemblement national sont membres.
2 A quoi correspondent exactement les sommes réclamées par Olaf ?
Selon Mediapart, Olaf accuse Marin Le Pen et les trois anciens eurodéputés de détournement de fonds publics européens à des fins politiques nationales. Parmi les exemples les plus précis, le rapport a relevé plus de 23 000 euros d’objets promotionnels livrés au siège du parti et “apparemment achetés pour le congrès du FN à Lyon” en 2014. Le site internet de l’enquête a également suscité des bouteilles de Beaujolais d’une valeur de plus de 4 100 euros distribuées par Bruno Golnish au même congrès.
3Quand la justice française est-elle informée ?
Interrogé par l’AFP, le parquet de Paris a indiqué avoir reçu le signalement le 11 mars, confirmant les informations de Mediapart. Selon le site d’information, Olaf a déclaré dans son rapport que les faits avaient été révélés “Peut entraîner des poursuites pénales contre d’anciens membres (…) pour actes frauduleux au détriment du budget de l’Union.” Plusieurs délits ont été cités susceptibles d’être saisis par la justice : « escroquerie », « faux », « abus de confiance » ou encore « détournement de deniers publics », selon Mediapart.
4 Comment ont réagi Marine Le Pen et ses partisans ?
Si Marine Le Pen n’a pas encore commenté l’affaire, les réactions de ses partisans se multiplient. Invité sur franceinfo, dimanche 17 avril, Louis Aliot, qui était directement impliqué dans l’affaire, s’est indigné : “Olaf et Mediapart sont hors la loi et j’espère qu’on va saisir la justice pour savoir d’où viennent les fuites et comment l’enquête a été fait. car on ne sait rien de lui », a commencé le maire RN de Perpignan.
L’ancien eurodéputé, qui « conteste formellement ce qu’il y a dans l’article », affirme avoir chargé son avocat de comprendre « comment il est possible aujourd’hui, dans des enquêtes comme celle-ci, que des médias comme Mediapart soient mieux informés que nous et nous n’y ayons pas accès au dossier pour qu’on sache de quoi on nous accuse. »
Sur RMC, dimanche matin également, Laurent Jacobeli, porte-parole de Marin Le Pen, a critiqué la coïncidence de ces révélations avec le calendrier présidentiel. “Chaque fois qu’elle est candidate, on lui lance une balle puante à quelques jours de l’élection. Cela vient généralement d’ailleurs dans l’Union européenne, d’une manière ou d’une autre. »
Sentiment partagé sur Europe 1 par Jordan Bardella, président par intérim du Rassemblement national. « Deux jours avant le second tour, c’est bizarre ! il critique. Avant d’ajouter que son parti entend porter plainte : “C’est un service contre lequel nous avons porté plainte à deux reprises et qui fera l’objet d’une nouvelle plainte, mais l’ouverture d’une enquête quelques jours après le second tour ne sera pas laisser personne inactif.”
5 Dans quel contexte ce cas se présente-t-il ?
Ce n’est pas la première fois que la candidate d’extrême droite est visée pour avoir utilisé ses fonds publics européens. En 2018, l’ex-députée RN avait en effet été accusée de “détournement de fonds publics” dans l’affaire dite des assistants parlementaires européens. Marine Le Pen, qui a refusé à plusieurs reprises de comparaître devant le tribunal, est soupçonnée d’avoir embauché du personnel payé avec l’argent public européen pour travailler pour le compte de son parti. A l’époque, Mediapart révélait que le premier rapport d’Olaf avait déjà appelé à un remboursement de 339 000 euros de fonds publics en 2016.
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