France

les aléas et les incohérences du programme économique

Prospectus de Marin Le Pen dans un bus de campagne, à Sousse (Yon), le 11 avril 2022 AGNES DERBY / MYOP FOR THE “WORLD”

Elle lui assure qu’elle a changé. Votre aplomb, des propos pédagogiques, un sourire de circonstance : Marine Le Pen 2022 n’est plus celle de 2017, dont les grossières erreurs de chiffres et les performances incompatibles lors du débat de l’entre-deux tours ont conduit à la défaite dans les urnes. Son agenda économique évolue également : partir, sortir de l’euro ou prendre sa retraite à 60 ans tout simplement.

Faire place à une volonté affichée de “protéger” les Français et à des propositions apparemment alléchantes pour le pouvoir d’achat (baisse de la taxe sur la valeur ajoutée sur l’énergie et les carburants, suppression de cette taxe sur l’équipement ménager, les produits de première nécessité, retraite à 60 ans avec quarante rentes pour les personnes ayant commencé à travailler avant l’âge de 20 ans, exonération d’une augmentation de salaire de 10 % à trois SMIC, etc.).

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Objectif : séduire leur électorat préféré, la classe ouvrière – au premier tour 36 % des salariés ont voté pour le candidat du Rassemblement national (RN), selon un sondage Sopra-Steria du 10 avril, contre 23 % et 25 % pour le candidat de La France insoumise Jean-Luc Melenchon.

Mais si le programme et l’image de la fille de Jean-Marie Le Pen ont été maîtrisés, ses promesses fiscales et sociales soulèvent plusieurs questions et se heurtent à de nombreux obstacles, juridiques, politiques et économiques.

1. Mesures anticonstitutionnelles

La candidate RN, qui a choisi le slogan “Pour tous les Français” pour le second tour, envisage de débuter son mandat par un référendum pour établir une “priorité nationale”, notamment en ce qui concerne l’emploi, les allocations et le logement.

Il s’agira aussi de déterminer les allocations de solidarité pour cinq ans de travail en France et la suppression du titre de séjour de tout étranger n’ayant pas travaillé pendant un an. Tant de dispositions sont inconstitutionnelles. En d’autres termes, cela conduira à une crise institutionnelle sans précédent.

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Or, sans cette loi, les fondations de son programme s’effondrent comme un château de cartes. En matière économique, elle perd sa principale source de financement, à savoir la suppression des prestations sociales pour les étrangers (revenu de solidarité active, allocation d’invalidité, allocations familiales, allocation spéciale de solidarité, allocation aux personnes âgées et soins de santé de l’État), qu’elle estime à 16 milliards – La Caisse nationale d’aide à la famille et la Cour des comptes fixent le chiffre à environ 6 milliards d’euros de plus que cela.

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