France

Loi en faveur d’une formation policière réservée aux personnes racistes

Le Premier ministre François Lego a déclaré qu’il était “souhaitable” de réserver des places aux élèves-policiers issus de minorités visibles ou ethniques dans un programme de formation accélérée, même si les femmes blanches en étaient exclues, une position qui n’avait pas de sens. Unanimité.

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Depuis plusieurs années, le programme Collegiate Research Attestation Police Diversity (AEC) est conçu exclusivement pour les personnes issues de groupes sous-représentés (femmes, minorités visibles ou ethniques et aborigènes) afin de favoriser leur recrutement au sein des forces policières de la province.

Cette formation accélérée leur permet, à condition d’avoir déjà un diplôme de l’enseignement supérieur, d’être admis à l’École nationale de police sans passer par le programme de technicien de police, accessible à tous.

Or, pour 2022-2023, les femmes seront déjà exclues de cette formation selon de nouveaux critères d’admissibilité établis par le ministère de la Sécurité publique, rapporte mercredi La Presse.

Mesure temporaire

Le Premier ministre Lego estime que la décision est justifiée pour la communauté policière, car il s’agit d’une mesure temporaire. “Qu’on se dise qu’il y a certains postes qui seront réservés aux minorités visibles, je pense que c’est une approche qui est souhaitable pour atteindre l’équilibre”, a-t-il dit.

Une fois cet équilibre atteint, “ces emplois deviennent accessibles à tous”, a-t-il ajouté.

En 2019-2020, 36 % des inscrits à l’École nationale de police du Québec (ENPQ) étaient des femmes, alors que seulement 9 % appartenaient à une minorité visible ou ethnique (voir les autres chiffres dans l’encadré ci-dessous).

L’ENPQ a récemment augmenté le nombre de places réservées aux finissants de l’AEC pour la diversité policière.

Leur part est passée de 8% l’an dernier (50 sièges sur 648) à 12% dans la cohorte suivante (90 sièges sur 756), mais le nombre total de candidats admis a également augmenté, a précisé son porte-parole. , Véronique Brune. “Tout le monde y gagne”, dit-elle.

La scolarisation des femmes augmente

Les postes restants sont occupés par des diplômés du programme de techniciens policiers, où le nombre d’étudiantes est en augmentation. La part des filles qui y sont inscrites est passée de 25 % en 2011 à près de 45 % en 2020.

Malgré cette augmentation, les femmes restent sous-représentées et doivent encore avoir accès au programme AEC, a déclaré Katya Atif, directrice d’Action travail des femmes.

« Si nous nous référons à la loi [sur l’accès à l’égalité en emploi dans les organismes publics]”Les femmes dans ce secteur sont sous-représentées, il ne devrait donc y avoir aucune raison de les exclure”, a-t-elle déclaré.

Même son de cloche de Louise Langevin, professeure à l’École de droit de l’Université Laval, qui estime que « les réalisations des femmes avec ou sans diversité ne sont jamais acquises ».

De son côté, la Commission québécoise des droits du personnel et de la vie a confirmé le “manque de représentation” de plusieurs groupes au sein de la police québécoise, dont les femmes. Toutefois, l’organisme ne participe pas au processus d’admission aux programmes de formation, est-il précisé.

Le Comité consultatif sur la réalité policière propose pour sa part d’aller encore plus loin pour encourager le recrutement de racistes.

Dans son rapport final, publié l’an dernier, il recommandait notamment la mise en place d’un programme d’accès à l’égalité dans tous les collèges offrant une formation policière pour favoriser le recrutement des groupes sous-représentés.

“Il est urgent de remédier au déséquilibre actuel”, a-t-il déclaré.

Représentation des services de police

Poste : Femmes / Peuples autochtones / Minorités visibles / Minorités ethniques

  • Patrouilleurs : 28,5 % / 1,2 % / 3,9 % / 2,2 %
  • Enquêteurs : 35,5 % / 0,9 % / 2,7 % / 1,9 %
  • Employés ou administrateurs : 14,5 % / 0,9 % / 2,6 % / 2,8 %

Source : Rapport final du Comité consultatif sur la réalité policière, mai 2021.