France

Président français Les électeurs de l’étranger votent, la métropole se prépare

(Paris) Emmanuel Macron ou Marine Le Pen ? Avant l’ouverture des bureaux de vote dimanche matin en métropole, les premiers électeurs venus de l’étranger et de l’étranger ont voté samedi, décalage horaire oblige, pour des élections présidentielles aux enjeux cruciaux.

Publié à 10h29 Mis à jour à 14h32

Christoph PARIER avec les bureaux de l’AFP Agence France-Presse

Proche du Canada, l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon a commencé à voter pour le second tour, devant la Guyane, les Antilles, puis les océans Pacifique et Indien.

En Guyane, à l’école Henri-Agarand de Cayenne, les électeurs ont défilé sans interruption. Pour Sandy Doro, étudiante de 18 ans, “c’est un droit fondamental qui doit s’exercer”. Livio Francius, un étudiant du même âge, a voté pour la première fois à ses côtés, mais sans grand enthousiasme : “C’est ma mère qui m’a poussé et m’a emmené, sinon elle ne serait pas très intéressée.”

Photo par Dominic Gravel, presse

Un électeur français a voté au Palais des Congrès de Montréal.

“Obligation de citoyenneté”

A Baie-Mahault (Guadeloupe), Dominique B., 55 ans, responsable santé/sécurité d’entreprise, a également rempli son “devoir civique” de “peser la décision finale”. Même si « on n’a pas beaucoup vu cette campagne en Guadeloupe. “Les politiciens ici ne savent pas quoi faire, et nous, les électeurs, sommes un peu perdus.”

De longues files d’électeurs, chaudement vêtus de masques contre le COVID-19 sur le visage, ont également été aperçus au Palais des Congrès de Montréal, au Canada, une ville où vit une importante communauté française.

En métropole, les bureaux de vote ouvrent dimanche à partir de 8 heures. La campagne s’est officiellement terminée vendredi à minuit. Les interviews, sondages ou prévisions de résultats ne peuvent être publiés avant les résultats dimanche à 20 heures.

Photo de Christoph Ena, Associated Press

Le président français sortant Emmanuel Macron

Environ 48,7 millions de Français doivent départager, comme en 2017, deux candidats aux programmes radicalement opposés pour diriger un pays leader en Europe, dans un contexte international particulièrement tendu avec une guerre qui fait rage aux frontières de l’Union européenne.

Europe, économie, pouvoir d’achat, relations avec la Russie, retraites, immigration : tout ou presque sépare les deux rivaux, qui semblent plus que jamais incarner deux France, après cinq ans de crise, des Gilets jaunes à la pandémie de Covid19 .

D’un côté, Emmanuel Macron, 44 ans, arrivé en tête au premier tour (27,85%), veut à nouveau casser le clivage gauche/droite pour l’emporter.

Favori des sondages, il espère devenir le premier président de la Ve République à être réélu au suffrage universel, hors concubinage. Le président sortant, qui prévoyait de passer sa nuit électorale au Champ-de-Mars, a appelé au blocus de l’extrême droite, promettant baisse d’impôts, réforme des retraites et plus d’écologie.

En revanche, Marine Le Pen, 53 ans, ambitionne de devenir la première représentante de l’extrême droite – terme qu’elle récuse – et la première femme à investir à l’Elysée.

Photo de Michelle Euler, Associated Press

La candidate à la présidentielle Marine Le Pen

Le 10 avril, elle arrivait à plus de quatre points (23,15 %) du président sortant. Battu de justesse il y a cinq ans (33,9 % des suffrages), il entend faire mentir les enquêtes d’opinion en fédérant un large front anti-macron sur le thème de la protection du pouvoir d’achat et de la lutte contre l’immigration.

Environ 500 personnes, souvent des jeunes, ont également manifesté samedi à Strasbourg et 450 à Lille contre l’extrême droite, selon les données préfectorales.

Marcher sur la plage

Emmanuel Macron, vêtu d’une cagoule bleu-blanc-rouge, d’un chapeau et de lunettes de soleil, et sa femme Brigitte se sont promenés pendant une heure et demie sur la plage du Touquet (Pas-de-Calais), leur station balnéaire. Avant de regagner leur maison, après avoir salué les badauds.

“Celui qui gagnera sera inévitablement plus difficile à gouverner dans les cinq prochaines années”, a déclaré à l’AFP la politologue Chloé Morin.

“Si Emmanuel Macron est réélu, le mode de scrutin aux législatives devrait conduire à ce que l’opposition (plus) radicale soit plutôt mal représentée au parlement. Donc, ils seront plus dans l’opposition médiatique ou dans la rue que dans l’opposition parlementaire ou dans une culture de compromis”, a-t-elle dit.

Photo de Louis Jolie, Associated Press

Des officiers préparent un bureau de vote à Montreux.

Arbitre et grande incertitude au scrutin, les abstentions risquent d’être élevées, encore plus fortes dimanche qu’au premier tour (26,31%). Tout comme les bulletins blancs et zéro, qui ont atteint un record en 2017, témoignant du refus de millions de Français de choisir entre les deux finalistes.

Il pourrait se situer entre 26 % et 28 %, en deçà du record du second tour en 1969 (31,1 %). Les trois zones scolaires seront également en vacances ce week-end, notamment la rentrée des vacances de printemps pour la région parisienne.

Par conséquent, la participation à l’étranger donnera une première tendance.

Surtout après que le chef des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, troisième le 10 avril avec 21,95 % des suffrages nationaux, était largement en tête aux Antilles, dépassant la barre des 50 % en Guadeloupe, Martinique et Guyane.

Son électorat – la plus grande réserve de voix entre les deux tours – a été particulièrement courtisé par les deux finalistes. Mais de nombreux sympathisants de LFI pourraient être tentés d’éviter les urnes.