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L’auteur de l’attentat du Vieux-Québec a mélangé jeux vidéo et réalité

J’ai dû enlever des gens un soir d’Halloween, avec une pleine lune. Je devais le faire, a-t-il témoigné, le premier jour de la présentation de sa défense.

Carl Giroud a déclaré qu’il se sentait investi d’une mission visant à changer le monde pour le mieux. C’est pourquoi il était nécessaire de créer le chaos afin de créer un Nouveau Monde.

Dans cet état d’esprit, il partit pour Québec, le jour du drame, après avoir dessiné le symbole du chaos dans le miroir de la chambre de son appartement de Saint-Thérès.

Il est difficile de se mettre à la place de Carl Giroud à l’époque, a-t-il insisté, tout en affirmant que je suis très différent aujourd’hui.

Il s’est souvenu que le trajet de trois heures lui paraissait normal et qu’il n’était pas inquiet, ce qui a changé une fois au Québec : j’avais peur.

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Photo prise à l’appartement de Carl Girouard à Sainte-Thérèse, lors d’une perquisition le 1er novembre 2020. Photo : Radio-Canada / Sûreté du Québec

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    Photo prise à l’appartement de Carl Girouard à Sainte-Thérèse, lors d’une perquisition le 1er novembre 2020. Photo : Radio-Canada / Sûreté du Québec

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    Image tirée du téléphone portable de l’accusé montrant un signe de chaos Photo : Radio-Canada / Service de police de la Ville de Québec

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    La vedette du tableau de bord de la voiture de Carl Giroud Photo : Radio-Canada / Service de police de la Ville de Québec

Son projet était d’entrer au Château Frontenac pour remplir sa mission, mais la peur l’envahit.

Le côté rationnel se débat avec mon côté émotionnel, a-t-il expliqué, à propos de ses deux personnalités.

Sans descendre de sa voiture, il est parti avant de revenir se garer près du Château quelques minutes plus tard.

Il a assuré qu’il ne voulait pas le faire et qu’il devait prendre le temps de se fâcher pour pouvoir passer à l’action.

Après être sorti de sa voiture, il a remarqué que la porte du Château Frontenac était fermée.

Il se retourna avant d’attaquer la première personne qu’il vit.

Il fallait qu’il y ait la mort pour que j’aie pour mission d’avertir mon alter ego, répétait-il.

Rémi Belange a survécu à cette attaque féroce, que l’agresseur a alors considérée comme un échec.

Cela m’a encore plus exaspéré, a-t-il dit au jury, disant qu’il ne voulait pas échouer. J’ai vraiment dû exécuter le deuxième homme, a-t-il poursuivi. Que fera-t-il s’il tue François Duchamp ?

Il se souvenait avoir attaqué les 3e et 4e victimes, mais pas leur réaction.

Ces personnes ne sont pas mortes, lui a dit son avocat.

Dieu merci, Giroud a commencé.

Sa mission se poursuit rue de Remparte, où il attaque mortellement Susan Clermont. Puis il remarqua un changement dans son état d’esprit.

J’ai accompli ma mission, mais c’est différent de ce que je pensais, dit-il.

Bien qu’il s’attendait à être vêtu d’un sentiment d’accomplissement, ce n’était pas le cas. Cela m’a dit que la mission pourrait ne pas avoir beaucoup de sens, a ajouté l’accusé.

“Je commençais à me demander pourquoi j’avais fait ça. »

– Citation de Carl Giroud, témoignant lors du procès contre lui

Cependant, il s’en est pris à un groupe de jeunes, affirmant qu’il vivait une lutte interne entre ses deux personnalités avant de se cacher pour essayer de réfléchir calmement.

Il est ensuite resté dans un buisson pendant plus de deux heures avant d’être finalement repéré et arrêté par la police.

Lors d’une fouille de la voiture du tueur, la police a trouvé des bidons d’essence.

Selon l’accusé, son plan était d’accomplir un rituel avant de se lancer dans sa mission.

“J’ai dû être assez courageux pour tuer ma famille et incendier ma résidence pour montrer à mon alter ego jusqu’où il faut aller. »

– Citation de Carl Giroud, témoignant lors du procès contre lui

Cependant, il a décidé de ne pas effectuer ce rituel car il se sentait prêt à remplir sa mission.

Carl Giroud est entouré de policiers dans la salle de détention du SPVQ. (Les archives)

Photo : Radio-Canada / Capture d’écran / Vidéo fournie par le Service de police Will de Québec

Les jeux vidéo et le monde réel

Les jeux vidéo ont occupé une grande partie de la vie de Carl Giroud et ont joué un rôle important dans son jeu, selon son témoignage.

Il a dit qu’il avait commencé à parier frénétiquement à l’âge de 15 ans, préférant les jeux violents impliquant des combats à l’arme blanche.

Il a dit qu’il avait ensuite perdu tout intérêt pour l’école alors que son monde virtuel devenait de plus en plus important.

J’ai mélangé le monde des jeux vidéo avec le monde réel. Il fallait vivre dans un monde comme les jeux vidéo.

Il a résumé son emploi du temps des mois précédant l’attaque comme suit : J’ai bu beaucoup de café, fumé du haschisch et joué à des jeux vidéo.

Il a dit qu’il avait également joué en ligne pendant plus de 24 heures sans dormir.

Monde meilleur et chaos

Selon le témoignage de l’accusé, son idée de créer un monde meilleur en créant le chaos s’est cristallisée vers l’âge de 17-18 ans.

Puis il a commencé à y penser constamment.

C’est comme un deuxième monde dans ma tête, illustre-t-il, il y avait un autre Carl Giroud qui était concentré sur la mission.

Mourir pendant que vous terminez votre mission

Une mission au cours de laquelle il mourra, mais qui se poursuivra grâce à son alter ego.

Interrogé à ce sujet par son avocat, Giroud n’a pas pu identifier les personnes qui vivaient du même désir de créer un Nouveau Monde.

Mais pour les avertir, il a choisi d’agir le jour d’Halloween, la nuit de la pleine lune.

Responsabilité pénale ?

Son avocat, Me Pierre Gagnon, entend prouver qu’il ne peut être tenu criminellement responsable de ses troubles mentaux.

Après avoir évalué différents endroits pour remplir sa mission, Giroud a choisi le Vieux-Québec en raison de son décor plus ancien avec des statues comme dans mes jeux vidéo.

Tout au long de sa vie, il a préféré ne pas fréquenter les gens, sachant qu’il mourrait dans l’exercice de ses fonctions.

“J’ai pris soin de ne pas en parler. Je ne pouvais pas être arrêté car ma mission était si importante. »

– Citation de Carl Giroud, témoignant lors du procès contre lui

Selon lui, il n’a pas pu essayer de retrouver l’alter ego : il s’agit d’une mission top secrète.

C’est pourquoi il fallait créer le chaos, créer un Nouveau Monde, envoyer un message à mon alter ego pour continuer le travail, a-t-il ajouté.

Contre-interrogatoire

Le procureur, Me François Godin, a commencé à interroger Giroud.

L’avocat a tenté de prouver que le tueur était tout à fait capable de faire la distinction entre le bien et le mal à différentes étapes de la planification de sa mission.

Faire le mal, c’était faire le bien, expliquait Giroud.

Son contre-interrogatoire se poursuivra jeudi.

Sa mère a témoigné

La défense a commencé à présenter sa thèse en témoignant de la mère de l’accusé.

Monique Dalfond, qui a élevé quatre garçons, a décrit son fils Carl comme un enfant solitaire et renfermé.

Sa mère a dit qu’elle avait vu un comportement inapproprié chez lui depuis la maternelle. Cela a été le cas tout au long de son parcours scolaire.

À la fin de l’école primaire, il a été traité avec Concerta. Lui-même arrêtera de prendre le médicament jusqu’à la fin de la première année du lycée, selon sa mère.

Monique Dalfond, mère de l’accusé

Photo : Radio-Canada / CRÉDIT : ILLUSTRATION PAR HBE

Intérêt pour les costumes de samouraï

À sa majorité, Giroud a sorti une carte de crédit.

Sa mère a souligné qu’à l’époque il avait un fort intérêt pour les armes blanches et les costumes de samouraï.

C’était une collection, a témoigné la mère. Bien que cela l’inquiète, elle ajoute que c’est son seul intérêt, avec les jeux vidéo.

Il n’a pas de vie sociale, pas d’amis, résume la femme.

En 2016, elle a dit avoir vu quelque chose d’alarmant. Carl parlait sous la douche et riait tout seul, a-t-elle dit au jury.

Après son témoignage, la mère est restée dans la salle d’audience pour entendre le témoignage de son fils, s’échappant parfois en sanglots.