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Guerre en Ukraine La Russie coupe le gaz pour la Pologne et la Bulgarie

Le président russe Vladimir Poutine, indigné par le soutien continu de l’Occident à l’armée ukrainienne, a coupé mercredi le gaz à deux pays européens dans la crainte d’un conflit croissant en Moldavie.

Posté hier à 23h45

Marc Thibodeau Presse

La Pologne et la Bulgarie sont visées

PHOTO KACPER PEMPEL, REUTERS

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki lors d’une conférence de presse mercredi devant une installation gazière à Rembelszczyzna, près de Varsovie

La Russie est passée mercredi de la parole aux actes, coupant les exportations de gaz vers la Pologne et la Bulgarie, suscitant l’indignation des autorités européennes, qui parlent d’une forme de “chantage” visant à limiter le soutien des pays de la région à l’Ukraine. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a expliqué l’initiative, affirmant que les deux pays avaient refusé de se conformer à un décret du président Vladimir Poutine exigeant que les paiements pour les hydrocarbures soient effectués en roubles. Il affirme que la Russie reste un “fournisseur fiable” dans le domaine de l’énergie, mais qu’il n’hésitera pas à utiliser la même approche si d’autres pays refusent de se conformer à ses exigences.

Les voisins de l’UE ont demandé

PHOTO KENZO TRIBOUILLARD, PRESSE ASSOCIÉE

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que l’objectif de la Russie était de “semer la division” entre les États membres de l’Union européenne (UE) et de saper ainsi leur réponse convenue à l’invasion de l’Ukraine. Elle a précisé que la Pologne et la Bulgarie, qui ont fait exploser l’étape russe, seraient approvisionnées en gaz “par leurs voisins de l’UE” jusqu’à nouvel ordre. La situation risque de se compliquer si la mesure est prolongée, car plusieurs pays de la région restent fortement dépendants des hydrocarbures russes, qui assurent à Moscou des revenus quotidiens de près d’un milliard de dollars. Le gouvernement ukrainien a affirmé mercredi qu’il fallait un embargo sur les exportations russes de pétrole et de gaz pour priver le pays de ses “armes énergétiques”, une option rejetée notamment par l’Allemagne, qui nécessite plus de temps pour rechercher de nouvelles sources d’approvisionnement.

La menace de la force

Tout en exprimant sa colère sur le plan économique, Vladimir Poutine a de nouveau mis en garde mercredi les pays soutenant l’Ukraine, qui multiplient les livraisons d’armes lourdes dans l’espoir de limiter l’avancée des troupes russes dans la région du Donbass. Dans un discours prononcé à Saint-Pétersbourg, le chef du Kremlin a prévenu que toute tentative d’intervention de l’extérieur, posant des “risques stratégiques inacceptables” pour la Russie, serait répondue “en un éclair”. Il a précisé que les soldats russes n’hésiteront pas à utiliser “des armes de pointe” dans un tel contexte, sans préciser ce qu’il en pense. Le ministère russe de la Défense affirme également avoir détruit de grandes quantités d’armes et de munitions étrangères transportées des États-Unis et de pays européens à la suite de frappes de missiles sur la ville méridionale de Zaporozhye. “Ukraine.

Risque de déstabilisation

PHOTO VLADISLAV KULIOMZA, REUTERS

Mercredi, des véhicules font la queue au point de contrôle frontalier de Bender pour entrer dans la région séparatiste de Transnistrie, en Moldavie

La situation restait tendue mercredi en Moldavie, qui craint que le conflit ne s’étende à l’intérieur de ses frontières. Des dirigeants de la région sécessionniste transnistrienne, qui reçoit régulièrement 1.500 soldats russes sur leur territoire, ont indiqué qu’un village disposant d’un important stock d’armes avait été attaqué dans la matinée par des avions ukrainiens. Ils ont également condamné l’ingérence ukrainienne dans les jours précédents, suite à une série d’explosions visant notamment une tour de transmission et une unité militaire. Dans une analyse publiée mercredi, l’Institute for War Research (ISW) a déclaré que les attaques présumées pourraient en fait être organisées par la Russie, “visant à préparer le terrain pour de nouvelles actions” de la Russie dans la région, y compris l’envoi de renforts. Justin Massi, spécialiste de la défense et de la sécurité à l’Université du Québec à Montréal, note que les troupes russes pourraient potentiellement être utilisées pour soutenir une attaque contre le port ukrainien d’Odessa depuis le nord-ouest en soutien d’unités qui ont jusqu’ici tenté sans succès de venir de l’est. Les difficultés logistiques observées depuis le début de l’invasion suggèrent que l’armée russe aura beaucoup de mal à renforcer rapidement le contingent déjà présent en Transnistrie, a indiqué l’analyste.

Progrès dans le Donbass, impasse à Marioupol

PHOTO ALEXEY ALEXANDROV, PRESSE ASSOCIÉE

Des volontaires nettoient une rue devant des bâtiments endommagés à Marioupol mercredi

L’armée russe poursuit ses efforts dans l’est de l’Ukraine avec l’objectif affiché de contrôler l’ensemble du Donbass. L’ISW note dans une analyse publiée mardi que des troupes venant du nord, de la ville d’Izyum, ont avancé ces derniers jours, profitant du manque de positions défensives bien organisées de l’Ukraine. L’institut note que les progrès ont été beaucoup plus modestes le long de la “ligne de contact” beaucoup mieux protégée qui séparait les forces ukrainiennes avant l’invasion des forces rebelles séparatistes pro-russes qui se sont élevées en 2014. La situation reste bloquée à Marioupol, où des affrontements entre Les forces russes et ukrainiennes qui contrôlent le complexe métallurgique d’Azovstal continuent, malgré les assurances de Vladimir Poutine selon lesquelles la ville du sud du pays a été “libérée”. Un commandant ukrainien a déclaré sur Facebook que plus de 600 civils et combattants blessés restaient sur les lieux sans accès à des soins adéquats, et que la nourriture et l’eau s’épuisaient.

Avec l’Agence France-Presse et Associated Press