Par Julien Bouteiller Publié le 26 22 avril à 19:08 76actu Voir mon actualité Suivre ce média La maire de Cantele, près de Rouen, Mélanie Boulanger, est impliquée dans une affaire de trafic de drogue. (© La Presse de la Manche / Archives)
C’est l’affaire qui secoue les milieux politiques rouennais. Depuis le vendredi 22 avril 2022, Mélanie Boulanger, maire de Cantele et vice-présidente de la métropole de Rouen Normandie, a été accusée de “complicité de trafic de drogue”. Nous résumons cette affaire et les derniers développements.
Comment l’affaire a-t-elle éclaté ?
Cette vaste enquête, menée sous l’égide du parquet de Bobini, vise un important réseau de trafic de drogue. L’enquête judiciaire a été ouverte en 2019 après des arrestations effectuées dans le cadre d’un trafic de cocaïne.
Par la suite, l’enquête sur le traçage du fil du réseau s’est poursuivie dans l’ombre. En octobre 2021, la police a mené une opération de répression qui a conduit à l’arrestation d’une dizaine de personnes à Cantele, dans l’agglomération de Rouen. Parmi les personnes arrêtées figuraient Mélanie Boulanger, la mairesse de la ville et l’une de ses adjointes. Ensuite, la coque fait beaucoup de bruit. Plusieurs des personnes arrêtées ont ensuite été inculpées et certaines ont été emprisonnées. Mais pas Mélanie Boulanger.
Fin avril 2022, l’élu est finalement accusé de complicité de trafic de drogue.
Une famille de trafiquants au coeur de l’affaire
Parmi les autres personnes interpellées figuraient des membres d’une famille basée à Canteleu, que certaines sources judiciaires qualifient aisément de “bien connue des services”. En particulier, certains membres de cette famille sont soupçonnés d’affaires de trafic de drogue. “Ils approvisionnent une grande partie de la métropole de Ruen”, nous a indiqué une source policière.
C’est donc un immense réseau que les enquêteurs ont attaqué en 2019. Rappelons que l’enquête est toujours en cours.
Ce que reproche Mélanie Boulanger
Mais que se rappelle le maire de Canteleu, également vice-président de la Métropole et ancien candidat régional, lui aussi au cœur de ce dossier, comme l’un de ses adjoints ?
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Mélanie Boulanger est actuellement mise en examen et placée sous contrôle judiciaire pour complicité dans ce trafic de stupéfiants. Selon la version avancée par son avocat, c’est à sa demande qu’elle a été placée sous ce statut afin d’avoir accès au dossier et de pouvoir défendre son innocence.
Si les chaînes officielles refusent de commenter les détails des faits allégués, des sources bien informées nous disent que les enquêteurs soupçonnent l’élu d’avoir eu un lien avec la famille des trafiquants. L’instruction doit maintenant déterminer la nature de ces liens potentiels et si l’édile, activement ou passivement, a aidé ces trafiquants.
“Je n’ai aucun lien, je n’ai aucun lien avec ces gens”, a-t-elle fermement contesté lors d’une conférence de presse à l’issue de sa garde à vue. Cependant, Mélanie Boulanger a alors reconnu des tentatives de contact de la part de membres de la famille et même des pressions et des intimidations.
Les réactions
Lors de la garde à vue de Mélanie Boulanger en octobre 2021, les politiciens sont restés silencieux jusqu’à ce que leur collègue soit finalement libéré.
Le maire de Cantele a condamné la “responsabilité morale” de la presse dans la révélation de l’affaire, tandis que le maire et président de la métropole de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a également critiqué le travail des journalistes, exprimant une colère froide. Tous deux ont insisté sur le fait qu’il n’y avait aucune accusation à la fin de l’arrestation par la police. L’enquête est toujours en cours, un rebond reste possible…
Mardi 26 avril 2022, au lendemain de l’inculpation contre le vice-président de la Métropole Normandie à Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, président de la Métropole, s’est dit “convaincu [son] innocence » et étayé la remarque : « Pour Mélanie Boulanger, l’accusation est le meilleur moyen de se défendre et de permettre que la vérité éclate au plus vite. »
Restera-t-elle élue ?
Une personne peut-elle être maire et vice-président de la Métropole, responsable notamment de la jeunesse, alors qu’elle est mise en cause dans le cadre d’une telle affaire ?
Au niveau judiciaire, rien n’empêche Mélanie Boulanger d’exercer ses fonctions alors qu’elle est accusée. Vous pouvez même être maire pendant que vous êtes condamné, à condition que vous n’ayez pas reçu plus d’une peine d’inéligibilité. Quant à démissionner du gouvernement, c’est possible certes, mais rare.
Reste à savoir si la gauche socialiste locale, moralement et politiquement, en pleine reconstruction après la défaite de l’élection présidentielle, est prête à soutenir pleinement l’un de ses représentants dans ce contexte. Ce vendredi 26 avril 2022, Nicolas Mayer-Rossignol a annoncé que Mélanie Boulanger quittait ses fonctions de vice-présidente de Metropolis, “pour consacrer son énergie à cette démarche et à sa municipalité”.
Et puis ?
Désormais accusée, Mélanie Boulanger peut préparer sa défense en ayant accès au dossier ; donc elle sait déjà de quoi on peut l’accuser.
Ensuite, le résultat dépend de l’instruction. Si l’enquête révèle et prouve un crime de sa part, l’employé sélectionné peut être traduit devant le tribunal pénal. Au contraire, si le juge ne constate pas de violation ou d’accusations insuffisantes, il peut classer l’affaire sans suite.
De plus, Mélanie Boulanger peut demander à passer du statut de mise en accusation à celui de témoin assisté. L’acte d’accusation peut être contesté pour diverses raisons (absence de preuves sérieuses et concordantes, erreur de procédure).
Enfin, rappelons que Mélanie Boulanger, comme les autres prévenus dans cette affaire, a jusqu’ici bénéficié de la présomption d’innocence.
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