Lors de la visite d’Emmanuel Macron à Carvin (Pas-de-Calais), le 11 avril 2022, JEAN-CLAUDE COUPE POUR LE MONDE
Le Revenu de Solidarité Active (RSA), objet d’activité et de “solidarité à la source” pour le versement des aides sociales, pour Emmanuel Macron ; Expulsion massive des étrangers des HLM et suppression de leur aide sociale pour Marine Le Pen : telles sont les grandes lignes des programmes sociaux des finalistes du second tour de l’élection présidentielle du 24 avril. Ils doivent convaincre 40 % des Français qui vivent avec moins de 1 600 euros par mois et par unité de consommation (2 400 euros par couple), soit les classes moyennes et populaires, qui ont été nombreuses à voter pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour. .. ou s’abstenir.
Programme d’Emmanuel Macron : simplification, voire économie ?
La philosophie d’Emmanuel Macron est déjà lisible lors de son premier quinquennat : prévenir la pauvreté et les soi-disant inégalités de sort et rétablir au maximum l’égalité des chances. C’est le sens des mesures prises dans le domaine de la petite enfance, dont le plan « 1000 premiers jours », de la naissance à l’admission en maternelle, scolarité obligatoire dès 3 ans, petits déjeuners, dont bénéficient 200 000 enfants, dédoublement des CP et Les classes de CE1 en réseaux d’éducation prioritaire (REP), qui touchent 300 000 enfants.
Pour M. Macron, sortir de la pauvreté, c’est aussi trouver un emploi, seule garantie d’émancipation et d’intégration. C’est pourquoi il a toujours refusé d’augmenter le RSA. Pour le nouveau quinquennat, le candidat à la réélection propose qu’il soit conditionné par une activité de formation, “une activité efficace qui permet l’intégration”, de quinze à vingt heures par semaine. Mais après l’annonce de la proposition le 17 mars et face aux protestations de la gauche et des syndicats, les membres de la majorité l’ont mitigée : “Cela ne s’applique pas aux personnes qui rencontrent de graves problèmes de santé, des problèmes psychologiques ou des difficultés à élever des enfants” , a par exemple corrigé Elizabeth Bourne, ministre du Travail.
Martin Hirsch, l’auteur de la loi de 2008 qui transforme le revenu minimum d’insertion (RMI) en RSA, estime lui-même dans une tribune du Monde du 31 mars que “l’obligation d’agir pour les allocataires du RSA crée plus de problèmes qu’elle n’en résout”.) . La loi prévoyait déjà l’inscription obligatoire à Pôle emploi et l’accompagnement social, mais il s’écoule en moyenne six mois entre l’obtention du RSA et le premier rendez-vous avec un conseiller référent, ce qui est un délai terrible quand on a un lien lâche avec le travail. Hirsch a ajouté que “les départements ont réduit leurs coûts d’intégration de 30 % [entre 2009 et 2018] en raison de l’absence de remboursement intégral des coûts de l’allocation de l’État ». Or, le retour de près de 2 millions de bénéficiaires du RSA sur le chemin de l’emploi nécessite aujourd’hui d’énormes investissements dans leur suivi personnalisé.
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