les principaux Julien Blanc et Pierre Odeber, deux étoiles montantes du street art, ont été percutés par un train dans le métro new-yorkais alors qu’ils tentaient de créer une œuvre dans un lieu dangereux. L’un d’eux laisse derrière lui deux jeunes enfants. Leurs proches témoignent.
C’était leur Saint Graal. Le plus grand défi pour les graffeurs du monde entier : peindre au pistolet une rame de métro à New York. Les street artistes toulousains Julien Blanc, dit Gibeone, 34 ans, père de deux jeunes enfants, et Pierre Odeber, 28 ans, sont morts en tentant de réaliser leur rêve, mercredi 20 avril. Ils ont été percutés par un train près de la gare d’Utica à Brooklyn.
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Julien avait quitté l’armée pour se consacrer à son art, Pierre avait abandonné l’intérimaire. Depuis quelques jours, ils accompagnent Ceet-Fouad, célèbre graffeur toulousain, dans la Grosse Pomme en tournée promotionnelle pour vendre ses NFT (oeuvres d’art numériques). “Julien et Pierre, je les considérais comme des frères. J’ai été dévasté par ce qui s’est passé”, raconte l’artiste.
“Comme des frères”
“Depuis que nous sommes arrivés à New York, ils ne pensent qu’à peindre des graffitis sur une rame de métro. Ici, dans le berceau de la culture urbaine. Dans le monde souterrain, c’est un peu comme un rituel d’initiation. Quand j’étais jeune, je pouvais faire ça il y a 20 ans… Je savais que c’était hypermétrope. J’ai essayé de les en dissuader, mais ils ne m’ont pas écouté”, raconte l’artiste, qui va bientôt rentrer en France.
Il poursuit le récit de ce drame d’un trémolo dans la voix : « Nous avons engagé Airbnb. Le matin, quand je suis allé dans leur chambre, j’ai vu qu’ils n’étaient pas revenus. On m’a d’abord dit que j’allais devoir trouver un avocat et payer la caution. J’étais sûr qu’ils avaient été arrêtés par les forces de l’ordre. Mais quand j’ai regardé les infos sur mon téléphone et lu que deux hommes avaient été renversés par un train à Brooklyn, j’ai tout de suite su qu’ils l’étaient.”
En plus de l’horreur, la police locale lui a demandé d’identifier les corps de ses amis. “J’ai reçu un e-mail avec des photos, c’était insupportable. Ces gars-là étaient des diamants bruts.”
C’est l’horreur à Toulouse, tous les acteurs du street art sont sous le choc. “C’étaient de grandes figures du graffiti. Nous sommes tous en deuil. Personnellement, je ne le surmonterai jamais”, confiait en larmes un ami proche des deux disparus, l’artiste lui-même. Les parents de Pierre Odeber, qui habitent le Lot, sont dévastés. “Nous sommes complètement vaincus. On ne peut pas croire que notre fils soit mort”, murmura la mère de Pierre d’une voix tremblante.
Des familles ébranlées
Caroline, la compagne de Julien Blanc, est dans le même état d’émerveillement : “Je n’ai pas eu la force de le dire à nos enfants. Julien et moi sommes ensemble depuis dix ans. Il avait commencé à plonger profondément dans cette aventure artistique. Au prix de nombreux sacrifices et d’heures et d’heures de travail, il a commencé à nous faire vivre de son art. Julien avait beaucoup d’amis, ils sont tous là en famille pour nous aider à surmonter cette épreuve.”
Les deux artistes ont exposé dans des expositions internationales, plus récemment au Maroc, en Italie et à Barcelone. Leur chemin était clair. Ces deux nouveaux artistes font l’unanimité sur le caractère et la personnalité. Ils seront bientôt à l’honneur dans la Ville Rose.
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