(Paris) “Mieux vaut une voix puante qu’une voix qui tue.” A Paris et en régions, plusieurs milliers sont venus dire “non à l’extrême droite” sans soutenir Emmanuel Macron à huit jours du second tour de l’élection présidentielle, qui oppose la présidente sortante Marine Le Pen.
Publié à 9h44 Mis à jour à 12h14
Arthur CONAN, Isabel TOURNE et les directions régionales AFP Agence France-Presse
“Ce n’est pas un vote pour Marin Le Pen !” “Les organisateurs ont crié devant plusieurs centaines de manifestants à Lille.
“Nous sommes ici pour dire non à l’extrême droite. […] pour la société, les libertés, mais aussi le climat. Ce serait un vrai revers si elle arrivait au pouvoir », a déclaré Jean-François Juilliard, PDG de Greenpeace France à Paris, où plusieurs milliers de personnes étaient mobilisées.
PHOTO THOMAS COEX, AGENCE FRANCE-PRESSE
Manifestation à Paris
Toujours à Marseille, la ville où Emmanuel Macron tient un rassemblement ce samedi : “Nous sommes là pour bloquer l’extrême droite”, a déclaré Medina Bayou, une lycéenne venue au défilé.
A Lyon, où les manifestants sont majoritairement des jeunes, Emma, 23 ans, étudiante, s’est mobilisée “contre la banalisation des idées dangereuses, contre le racisme, l’exclusion, la dictature potentielle” et a brandi le slogan : “A ceux qui osent voter des lois racistes, tous répondent : résistance ! »
Marine Le Pen, qui s’est exprimée ce matin devant la presse à Saint-Rémy-sur-Havre (Eure-et-Loir), a déclaré qu'”elle est venue manifester contre les résultats des élections” était “profondément anti-démocratique”. Donc je pense que les Français sont vexés de voir leur choix être contesté dans la rue, à travers des manifestations. »
“Rejeter Marine Le Pen, c’est empêcher l’émergence d’un projet de société destructeur de l’Etat de droit, de la république démocratique sociale et unie que nous défendons chaque jour”, ont déclaré les organisateurs dans un communiqué. ., une trentaine d’organisations et syndicats, comme la LDH, SOS Racisme, la CGT, le Syndicat de la Magistrature ou le Syndicat National des Journalistes.
“C’est tout sauf un projet de société, comme il le prétend […]. Nous sommes là pour dire “il y a le feu, notre mouvement social doit réagir”, rappelle Benoit Teste, secrétaire général de la FSU.
“De Le Pen à Macron”
Dans ces marches ensoleillées, si tous les manifestants sont contre l’extrême droite, ils n’épargnent pas le président sortant, rejetant même les deux prétendants côte à côte.
PHOTO THOMAS COEX, AGENCE FRANCE-PRESSE
Manifestation à Paris
A Paris, le co-président du Mrap, François Sothere, a résumé : “Nous ne voulons pas de Marine Le Pen à l’Elysée. On est là pour dire « utilisez votre bulletin de vote pour l’empêcher d’arriver au pouvoir », on ne dit pas « votez pour Macron », mais ça se résume à ça.
Bruno, enseignant de 60 ans, est venu de Chambéry à Lyon pour dire “non au nationalisme, au populisme, à la xénophobie”, évitant la manifestation grenobloise “trop anti-Macron”. Pourtant, je voterai pour lui, le danger est trop grand pour la démocratie. »
Voter pour Macron, c’est nous permettre de choisir à qui nous opposer. […] Nous aurons l’occasion d’organiser une opposition forte », a déclaré Annette Humbert, 25 ans, militante EELV à Lille.
Sasha Halgand, militante de SOS Racisme, qui regrette d’être confrontée à un « duel Macron/Le Pen dont les jeunes ne veulent pas », […] le vote utile lui revient. Si Marin Le Pen arrive au pouvoir, il y aura des milices fascistes, des lois draconiennes. »
Lucille Mueller, étudiante de 19 ans à Paris, « interpelle les deux candidats » : « On avait déjà le même résultat il y a cinq ans, mais on ne connaissait pas Macron. Là-bas on a vu des violences policières, des lois draconiennes […] On aimerait avoir le choix, avec un second tour de Melenchon/Macron, avec un débat sur l’écologie, par exemple.
A Saint-Étienne, 200 personnes, dont de nombreux jeunes de tendances anticapitalistes, d’extrême gauche ou libertaires, ont participé au Carnaval contre la mascarade électorale, arborant des masques d’Emmanuel Macron et les slogans « Ni Macron ni Le Pen », « Non à la Bourse”. “Des soupçons partout, la liberté nulle part.”
Enfin, à Marseille, une banderole du NPA proclame : « Contre Le Pen et l’extrême droite, contre Macron et sa politique antisociale, ne comptons que sur nos luttes.
PHOTO SARAH MASONIE, Reuters
Des manifestants mettent le feu à la place de la République.
A Paris, où le chef de cortège est arrivé place de la République vers 17 heures, plusieurs incidents ont éclaté entre les forces de l’ordre et une centaine de personnes lors de l’éparpillement. En jetant des obus, un vélo et en brûlant des déchets d’un côté, l’usage de gaz lacrymogène de l’autre.
Et si à Paris il me rappelle une enseigne : “2002 [Jean-Marie Le Pen contre Jacques Chirac au deuxième tour, NDLR] c’était non, 2022 c’est toujours pas”, rappelle une enseigne à Paris. Des centaines de personnes se sont rassemblées à Nice, où en 2002 “nous étions 20.000 entre les deux tours”, se souvient Jean-Pierre Lamore, 77 ans.
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