Des manifestants crient “Macron renvoie l’ISF” lors d’un rassemblement pré-électoral pour candidat à la présidentielle place du Château de Strasbourg, le 12 avril 2022. CYRIL BITON / DIVERGENCE POUR LE “MONDE”
Deux salles, la même ambiance. Mardi 12 avril, à Strasbourg, la réunion publique tenue par Emmanuel Macron au pied de la cathédrale a été interrompue par des combattants hostiles au chef de l’Etat, venus lancer leurs slogans – “traître social ! », « Retour ISF ! “, Macron en prison ! – avant d’être évacué par le service de sécurité. L’un d’eux a été traîné au sol.
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Le même jour, Marine Le Pen est accueillie à Vernon (Air) par une série d’insultes : « Mer Poutine ! “,” Facho ! La candidate du Rassemblement national (RN) a vu sa conférence de presse le lendemain interrompue par un élu écologiste qui a voulu dénoncer sa « complaisance » à l’égard du président russe Vladimir Poutine. Elle aussi a été tirée vigoureusement, traînée sur le sol.
Habituellement, les élections présidentielles suscitent, sinon de l’espoir, du moins une forme d’enthousiasme. Tous les cinq ans, selon la tradition césarienne de la Ve République, les Français s’efforcent de croire au mythe du candidat providentiel qui réussira là où son prédécesseur échoue. Après sa victoire vient un état de grâce plus ou moins long, après quoi la magie s’estompe. Cette histoire semblait inouïe. Agir contre l’extrême droite : tel est le débat. L’inimitié règne, pas l’enthousiasme.
“Bloquer”
Au soir du premier tour, Emmanuel Macron comme Marin Le Pen ont fait des discours complets aux supporters avec une ferveur mécanique. Le premier s’appuie, dans sa brève campagne, sur un réflexe conservateur qui conduira les électeurs à renouveler un homme capable d’aider la France à atténuer le choc de la crise. Le second pariait sur le dégagement. Il est difficile de créer un sentiment d’appartenance dans ce contexte.
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En vue du second tour, dimanche 24 avril, qui s’annonce ouvert, Emmanuel Macron s’est tourné vers la dynamique du rejet. Pas un jour ne se passe sans que le chef de l’Etat qualifie son adversaire de “candidat d’extrême droite” ou souligne la dangerosité de son projet, qui vise à déconstruire l’Union européenne, l’Etat de droit et repose sur une crédibilité financière et juridique douteuse. Démontrer des idées plus que des valeurs pour réactiver le barrage républicain, même si ce dernier n’est “plus une réalité”.
Pour tenter d’inverser la stigmatisation, la fille de Jean-Marie Le Pen appelle aussi à un “blocus” du président sortant. “Dommage pour un nouveau quinquennat de désolation sociale et de déconstruction nationale”, a-t-elle déclaré mercredi lors d’un meeting à Avignon.
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