France

Ils sont proches de la mort après les injections

Deux femmes qui ont eu des injections d’une esthéticienne pour perdre du poids vivent à la place avec les cicatrices d’une infection grave qui a mis des mois à guérir.

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Gabriella et Carmen (noms fictifs) avaient peur de mourir. “On voulait juste mieux paraître, mais maintenant que je me regarde dans le miroir, je vois des cicatrices et des bosses qui ne devraient pas être là”, souffle Gabriella, une vingtaine d’années.

Traumatisés et embarrassés, les deux amis demandent à rester anonymes. Cependant, ils veulent partager leur épreuve afin d’empêcher le même sort d’autres personnes. Le journal a eu accès à leurs dossiers médicaux pour confirmer leurs allégations.

Les deux femmes s’étaient rendues chez une esthéticienne pour des massages visant à réduire et redistribuer la graisse corporelle.

Après plusieurs traitements, ces derniers lui ont proposé d’aller plus loin, grâce à des injections dégraissantes.

Ces injections de lipolyse sont aussi appelées mésothérapie.

Clientes naïves acceptées, faisant confiance à l’esthéticienne. Ils ne savaient pas que cet acte était réservé aux professionnels, comme les médecins ou les infirmières.

Ils ont reçu des dizaines d’injections dans les cuisses et le dos. Des bosses rouges chaudes sont rapidement apparues. Ils se sont sentis fatigués, puis fiévreux.

Elles affirment que l’esthéticienne leur a conseillé de ne pas consulter, promettant qu’elle passerait, qu’elle aurait accès à des antibiotiques ou même pas la nommer si elles allaient à l’hôpital.

Une biopsie a confirmé le pire au Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM). Puis beaucoup de puanteur s’est échappée des blessures.

Une bactérie résistante aux antibiotiques s’était introduite dans les injections. Têtues, les deux femmes ont subi des mois de traitement, de chirurgie et divers médicaments pour les surmonter. Et ce n’est pas fini, disent-ils, tant que les blessures ne sont pas cicatrisées.

Malgré la gravité de leur infection, aucun médecin du CHUM n’a refusé de commenter leur cas au Journal pour tenter de la prévenir.

Pratique illégale

Dans cette affaire, l’esthéticienne Kelly Johanna Vega fait face à des accusations d’exercice illégal de la médecine par le Collège des médecins du Québec. Il écope d’une amende de 15 000 dollars, notamment pour ses interventions esthétiques “invasives ou à risque de dommages”.

Le Collège des médecins du Québec (CMQ) est responsable de l’application de la loi sur l’exercice illégal de la médecine. Condamné, le contrevenant est passible d’une amende.

“Souvent, les dégâts sont très graves, il peut y avoir des blessés, des amputations et même la mort. « L’exercice illégal de la médecine n’est pas anodin, il n’est pas sans risque pour la population, il faut le dire haut et fort et il est difficile à prévenir », a déclaré Moril Godreau, président du CMQ.