Je suis un cardiologue qui travaille avec les personnes gravement malades depuis 30 ans. Il est urgent pour moi de traiter le problème vers le haut et de vraiment le prévenir. La crise climatique doit être abordée en même temps que la prévention de l’exercice, le contrôle optimal de la pression artérielle, la prévention du diabète et l’arrêt du tabac.
L’urgence climatique est un problème de santé publique. Il est essentiel que nous l’intégrions dès maintenant dans la prévention pour nous-mêmes et nos générations futures.
Nous sommes tous hypnotisés et engourdis par le COVID depuis mars 2020. Notre vigilance envers notre planète Terre a considérablement diminué. On parle à peine du problème, qui est la situation d’urgence climatique. Cependant, ce problème existe et continue de croître. Tous les efforts sont nécessaires pour atténuer cette menace. Il y a une menace pour la santé et le cœur. Le réchauffement climatique menace plusieurs patients déjà vulnérables fragilisés par une mauvaise génétique et/ou de mauvaises habitudes de vie.
Tueur silencieux
Avant même que les changements climatiques ne nous frappent durement au Québec, les insuffisances cardiaques étaient à la hausse en raison du vieillissement de la population. D’ici 2021, le coût de l’insuffisance cardiaque sera plus du double du coût de tous les cancers combinés. C’est la condition la plus coûteuse pour notre système de santé.
De plus en plus de communiqués de presse scientifiques publiés et revus par des collègues sont sans équivoque : les vagues de chaleur et la mauvaise qualité de l’air augmentent le risque de développer et/ou d’aggraver des maladies cardiaques préexistantes. Aujourd’hui, le réchauffement climatique est un tueur silencieux. Quand serons-nous heureux de l’entendre ?
Le réchauffement climatique contribue de manière significative à la pollution urbaine. Les microparticules de la suspension causées par cette contamination ont un effet très néfaste sur notre système artériel et notre cœur. Ces microparticules connaissent une augmentation significative depuis des années et elles ont fait l’objet de nombreux colloques et publications scientifiques.
Il n’y a pas de débats ou de questions sur ce sujet. C’est unanime : ces particules sont toxiques pour les patients cardiaques. Si l’on ajoute l’hypertension artérielle et le diabète, près de la moitié de la population de plus de 65 ans souffrirait d’une maladie cardiaque.
De plus, l’augmentation des microparticules dans l’air pendant les périodes de smog est clairement associée aux crises cardiaques, à la mort subite et à l’hospitalisation des patients atteints de maladies cardiaques et respiratoires chroniques. Cette situation rend nos villes de moins en moins habitables et est source de stress psycho-social croissant.
En tant que cardiologue, je constate que nos cliniques regorgent de patients cardiaques, anxieux dans leur quotidien et avec une qualité de vie considérablement réduite. Désormais, dans les plus grands congrès internationaux, les sessions climat et santé sont à l’ordre du jour. Pourquoi le climat n’est-il pas à l’agenda sanitaire de nos gouvernements ? Sommes-nous prêts?
Pourquoi irai-je au front avec mes mères le 8 mai ?
Bien que je sois une personne sans enfant, je veux que les générations futures soient fières de nous. Je veux nous dépasser en tant que société. Il est souvent trop tard pour prévenir les effets dévastateurs d’un cadre de vie dégradé combiné à de nombreux facteurs de risque. Notre système de santé peut à peine garder la tête hors de l’eau. Il faut sensibiliser, bouger et militer pour une approche globale de la santé, et cela inclut l’environnement !
C’est pourquoi j’invite mes consœurs et confrères du secteur de la santé à se joindre à moi et aux mères au front dans les rues de Québec le 8 mai, pour demander à nos gouvernements d’écouter la science et d’agir.
Ensemble tout devient possible !
Michelle White, MD, cardiologue, Institut de Cardiologie de Montréal, professeure titulaire de médecine, Université de Montréal
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