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Au bureau de vote d’Abidjan, lors du premier tour de l’élection présidentielle française, le 10 avril 2022 YOUENN GOURLAY
A quelques heures du face-à-face qui l’opposera mercredi 20 avril, le président sortant du candidat du Rassemblement national Mehdi Garnit ne cache pas une certaine fatigue. La course à la présidentielle s’est résumée pour ce Franco-Marocain de 38 ans à un “débat plutôt mauvais, une gauche divisée, un président sur son piédestal qui ne joue pas le jeu”. Une fois de plus, les “questions d’identité” sont passées au premier plan, déplore sa compagne, Leila Benazous, enseignante comme lui dans un bar français de Casablanca.
Pour ces binationaux vivant sur la rive sud de la Méditerranée, la montée des enjeux d’extrême droite est un crève-cœur. “Je ne vois pas le rapport entre ces discours politiques et la réalité, je ne comprends pas d’où viennent ces peurs”, a déclaré Leila Benazouz, qui a débuté sa carrière en Seine-Saint-Denis.
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“En tant que binational, il me semble évident que les cultures se mélangent. Comme si je ne pouvais pas être 100% français et 100% marocain, comme si je devais choisir ! » Indignée de la jeune femme qui a voté pour Jean-Luc Melanchon au premier tour, justement parce qu’il était l’un des seuls à avoir « parlé de créolisation ».
Qualifiés en 2015 de « demi-français » par Jean-Marie Le Pen, qui disait alors douter de leur « loyauté », les binationaux n’étaient plus directement visés par le Rassemblement national. Alors qu’elle a défendu avec véhémence l’abolition de la double nationalité extra-européenne en 2012 et 2017, ce vieux totem d’extrême droite n’apparaît plus au programme de Marin Le Pen cette année.
« Pire si Marin Le Pen gagne »
Le changement de jambe a été savamment décidé, ce qui a surpris ses supporters. Mais cela laisse entendre que, déclarait-elle dans Le Monde il y a quelques mois, “la France a changé” et que la mesure est “préoccupante”.[ait] inutilement les Français d’origine étrangère.
Inquiet Selim Ben Abdeselem, ancien député tunisien, est toujours inquiet. “L’extrême droite a refusé de remettre en cause la binationalité, mais il y avait tous les voyages pour les étrangers, les avantages sociaux réservés aux Français ou encore les préférences nationales”, a-t-il déploré. Après avoir voté pour le candidat écologiste Yannick Jado au premier tour, l’ancien militant socialiste de 52 ans, qui vit en Tunisie, a démissionné pour “bloquer le Front National”, dimanche 24 avril.
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