Les Québécois, qui paient des milliers de dollars en privé pour la chirurgie esthétique, voient leur rêve comme un cauchemar et doivent parfois subir plusieurs chirurgies coûteuses pour réparer les dégâts.
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« La chirurgie esthétique peut être un cauchemar », admet le Dr Joseph Bou-Merhi, un chirurgien plasticien qui pratique en privé à Verdun. Quand on passe deux, trois, quatre fois sous le bistouri, ça ne marche pas, ça devient épuisant à la fois pour la poche et pour l’esprit ! C’est comme un cauchemar qui ne finit jamais ! »
Pendant des années, les médecins ont déconseillé aux Québécois de se rendre à l’étranger pour la médecine esthétique, notamment parce que les normes médicales n’y sont pas si strictes et que les risques d’une chirurgie peuvent être importants.
Cependant, même si les clients paient cher la chirurgie esthétique ici (souvent plus de 15 000 dollars), certains souffrent de complications chirurgicales ou se retrouvent avec une opération ratée, a constaté Le Journal, suite à des groupes de discussion sur les réseaux sociaux.
Photo par Journal de Montréal, Chantal Poirier
La femme de 40 ans pensait être décédée en septembre dernier, quelques semaines après avoir développé une infection suite à une chirurgie esthétique. Voici une des cicatrices postopératoires.
“C’est la jungle”
“Quand ça va bien, ça va bien. Mais sinon il n’y a personne pour s’occuper de vous”, a noté un patient presque décédé.
Exemples de problèmes : seins asymétriques ou implants affaissés, cicatrices saillantes, douleurs ou perte de sensibilité. Dans le pire des cas, les patients développent des infections graves et doivent être hospitalisés. L’injection de charges peut également être risquée.
“C’est la jungle en ce moment. Il faut être informé », prévient Stéphanie Léonard, psychologue spécialisée dans les problèmes d’image corporelle.
De nombreux clients réfléchis demandent conseil sur les réseaux sociaux et comptent sur d’autres clients pour y voir plus clair (quel chirurgien choisir et éviter). Le magazine a constaté que certains médecins québécois avaient une très mauvaise réputation.
Lors du suivi postopératoire, les patients ont également déclaré ne pas pouvoir contacter leur chirurgien pour corriger l’erreur ou avoir dû payer à nouveau. D’autres n’avaient plus confiance et préféraient regarder ailleurs. Soyez payé.
Le magazine présente plusieurs recommandations de femmes qui ont vécu l’horreur après une chirurgie esthétique. Tous témoignent anonymement ou parce qu’ils ont honte, sont en suivi postopératoire ou ont peur de la répression judiciaire.
De plus, les chirurgiens du Québec consacrent le tiers de leur pratique à la correction d’opérations ratées.
Quand l’argent mène
“Le jour où un chirurgien plasticien pense plus à sa poche qu’au bien-être de ses patients, il n’est plus médecin”, a déclaré le Dr Perry Gdalevich, spécialiste du domaine.
Habituellement, tous les risques de la chirurgie doivent être bien expliqués. Cependant, de nombreux clients sont mal informés et se précipitent pour signer le contrat en quelques minutes.
“Ce sont de très bons commerçants. On n’insiste pas trop sur les effets secondaires, on a tendance à les minimiser. Mais la vérité, c’est qu’il y a toujours des complications possibles », explique Me Jean-François Leroux, spécialiste de la santé.
Depuis la pandémie, la chirurgie esthétique a augmenté d’au moins 20 % au Québec, selon l’Association des chirurgiens plasticiens et esthétiques du Québec. Selon le président Dr Eric Bensimon, la majorité des clients sont satisfaits du résultat, et les insatisfaits sont « ceux qui se font le plus entendre ».
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