par l’intermédiaire de l’Associated Press L’abolition du corps diplomatique met la classe politique dans tous ses états. Mais qu’est-ce que c’est?
POLITIQUE – Corps perdu. Avec l’annonce de la réforme de la haute fonction publique au printemps 2021 et la suppression de l’Ena, Emmanuel Macron a promis la fin de certaines instances, dont la préfecture. Le quai d’Orsay n’y échappe pas non plus.
Un arrêté du samedi 16 avril et publié le lendemain, dimanche 17 avril, au Journal officiel, confirme la suppression de deux corps qui composent la hiérarchie du ministère des Affaires étrangères : celui des conseillers étrangers et celui des ministres plénipotentiaires. . Plusieurs milliers de salariés du haut de la pyramide, ambassadeurs ou représentants de la France à l’étranger. Ils devraient être “éteints” d’ici 2023, selon le texte… largement diffusé sur les réseaux sociaux lundi.
Et avec raison. Suite à l’incendie criminel du Quai d’Orsa, l’officialisation de cette mesure a provoqué des remous dans la classe politique. Si elle introduit de nouveaux arguments à Marine Le Pen dans son duel avec le chef de l’Etat, à une semaine du second tour de l’élection présidentielle, elle est condamnée par des responsables du monde entier.
Sur les réseaux sociaux, le candidat du Rassemblement national a accusé Emmanuel Macron de vouloir “remplacer des fonctionnaires impartiaux par de l’intendance” en publiant “un décret de suppression de notre corps diplomatique” “à quelques jours de la fin de son mandat”.
Même critique de Jean-Luc Mélenchon. Le chef de file de la France insoumise à l’élection présidentielle, discret après sa légère défaite au premier tour le 10 avril, a également fait part d’une “grande tristesse” sur Twitter. “La France voit la destruction de son réseau diplomatique en quelques siècles. Le deuxième mondial”, fustige celui dont les électeurs sont très désirables lors de l’entre-deux tours, “des amis promotionnels pourront être nommés”.
Journal officiel : suppression du corps diplomatique. La France a vu son réseau diplomatique détruit des siècles plus tard. Le deuxième au monde. Des amis promotionnels pourront être nommés. Immense tristesse.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 18 avril 2022
Avec eux, plusieurs élus de droite, de gauche ou centristes expriment également leur inquiétude. Et ils sont loin d’être les seuls. Gérard Aro, par exemple, l’ambassadeur de France aux États-Unis jusqu’en 2019, tient les mêmes propos, entendus, sur un ton, bien sûr, plus poli. “Ainsi, la France sera le seul grand pays occidental sans diplomates professionnels. Une histoire de plusieurs siècles se termine ainsi », écrit-il dans son premier message Twitter avant de voir la porte s’ouvrir « à des nominations à l’américaine ».
S’adressant à l’ancien ministre des Affaires étrangères Michel Barnier, il a ajouté : “Avec les caricatures de diplomates, on oublie que la diplomatie est un métier, une expérience, un savoir, une tradition, une fierté. En danger, par décision gouvernementale ?
Ce n’est pas la fin des ambassadeurs, mais…
Ces préoccupations découlent de la philosophie même de la restructuration des hauts fonctionnaires. L’un des axes principaux de la réforme menée par la ministre Amélie de Monschalin est de fusionner toutes les catégories (dites A+ en langage administratif) en un nouveau corps d’administrateurs publics, soit 12 000 hauts fonctionnaires toutes administrations confondues. 900 postes sont concernés sur le Quai d’Orsay.
Concrètement, ces diplomates, préfets et autres inspecteurs généraux des finances seront appelés à rejoindre ce nouveau vivier interministériel de fonctionnaires élargi. Une manière de “sortir du mimétisme et du conformisme”, selon Monschalin dans les colonnes du Monde en novembre dernier.
“La France aura toujours des ambassadeurs, des consuls, il y aura toujours un réseau diplomatique, qui est l’un des plus importants au monde”, a-t-il dit, expliquant qu’il voulait lutter contre les “corporatismes”.
Pourtant, les inquiétudes politiques exprimées lundi, à quelques jours du second tour de l’élection présidentielle, sont largement partagées par les principales préoccupations. “Que sera la diplomatie sans les diplomates ?”, se demandaient 150 d’entre eux, en action, dans une tribune publiée par le journal du soir, toujours à l’automne 2021. Notre diplomatie est menacée d’extinction. “La suppression des filières de recrutement dédiées au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères va priver le réseau diplomatique français de précieux talents”, ont déploré les signataires, faute de contraindre Emmanuel Macron à la démission. Contre leur volonté.
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