France

l’épineuse question de la charge financière des réfugiés dans les familles françaises

“Nadia, tu peux m’apporter du jus d’orange ?” Depuis un peu plus d’un mois, Sandrin, qui vit seule, accueille bénévolement Nadia, 21 ans, originaire d’Odessa, en Ukraine.

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Si la cohabitation se passe bien, il reste un défaut : en ouvrant ses portes à Nadia, le budget shopping de cette quadragénaire, qui travaille dans la publicité, a explosé. “J’ai doublé mon budget, voire un peu plus. J’ai des budgets d’environ 150-160 euros par semaine”, a-t-elle déclaré.

Et par conséquent, son principal défi pour que le réfrigérateur ne se vide pas trop rapidement est de fixer certaines limites. “La première semaine, j’ai acheté une bouteille de jus d’orange de 2 litres et cela lui a pris deux jours. C’est comme ça que je lui ai fait comprendre qu’il fallait qu’il mette le pied à l’étrier », a expliqué Sandrin, qui va désormais tout planifier. “J’ai décidé de faire un tableur dans Excel : je planifie le déjeuner et le dîner à l’avance pendant une semaine et je vide le frigo selon le planning que je fais.”

De plus, d’autres coûts surviennent. Nadia est venue avec une valise de vêtements d’hiver. C’est pourquoi il va falloir aller dans les bijouteries maintenant que les températures grimpent. Pour contribuer aux frais, le jeune Ukrainien aimerait travailler, mais se heurte à un obstacle de taille : « On a essayé de me trouver des boulots bizarres pour travailler, mais c’est difficile, car dès qu’il faut communiquer avec les gens, je suis pas capable de cela du fait de mon niveau de français encore insuffisant. »

L’aide du demandeur d’asile, que Nadia commencera à recevoir dans quelques jours, devrait lui permettre de soulager un peu Sandrin. Les Ukrainiens y ont déjà droit temporairement : c’est environ 200 euros par mois. Pourtant, pour beaucoup, la situation reste inconfortable, selon Alexandre Delavey. Cet avocat du Barreau de Paris accompagne bénévolement les Ukrainiens dans leurs démarches. “Les difficultés financières auxquelles sont confrontés les citoyens ukrainiens aujourd’hui sont l’aide qui est fournie par l’Etat, mais qui en tant que telle est insuffisante”, a-t-il déclaré, reconnaissant que des facteurs inconnus se sont ajoutés au problème, tels que “le fait que nous devons compter sur sur la solidarité des Français, forcément incertaine, et en même temps sur le fait que les ressources dont dispose le peuple ukrainien mettent du temps avec des problèmes techniques à rapatrier en France. »

Contrairement à la France, ceux qui accueillent des réfugiés ukrainiens reçoivent une indemnisation. Dans certains pays, cela revient à huit euros par jour et par personne en Pologne.