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Playdate : une console portable fraîche et originale dont on peut vite se lasser (Gamekult)

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Les premières livraisons de Playdate, l’étonnante console portable à pilotage manuel de l’éditeur américain Panic, approchent. Petit animal croustillant très original et sauvage, mais dont on risque malheureusement de faire rapidement le tour.

Elle en a parlé pendant près de trois ans. Annoncé en mai 2019, Playdate, conçu par la société américaine Panic (éditeur des derniers favoris du jeu indépendant, que sont Firewatch et Untitled Goose Game), devait initialement voir le jour au premier semestre 2020, et puis la plupart – enfin accumulé certains de ces retards auxquels le monde du jeu vidéo, comme la technologie au sens large, s’est habitué ces dernières années. Mais l’attente est terminée, du moins pour les premiers à réserver la voiture, qui ont commencé à la recevoir le 18 avril. Notre amie Lucile “Luma” Malargé de Gamekult a également réussi à se rendre sur la console. Voici les points saillants de ses impressions.

Neo-Game Boy, plein de charme

Dès son annonce, Playdate a tout de suite attiré l’attention par son concept qui contredit le temps qui passe : loin, très loin de la course à la sophistication technologique, il se présente comme une sorte de néo-Game Boy, avec son petit écran LCD noir et blanc de 400 x 240 pixels. Mais sa singularité la plus frappante est évidemment la petite manivelle située sur son flanc droit, une interface de contrôle peu commune que les développeurs de jeux sont invités à utiliser à leur guise. Cette curieuse application donne le ton de l’état d’esprit de la machine : elle se veut un petit concentré d’étrangeté, d’excentricité. Une console que l’on s’empare pour profiter de quelques petits jeux labo, simples et courts, mais dont la principale vertu sera toujours l’originalité.

Sur le plan physique, en tout cas, le fait est que lorsqu’on voit Playdate pour la première fois, il est très difficile de ne pas tomber sous son charme. Ses lignes douces et sa couleur jaune particulièrement lumineuse transmettent immédiatement une humeur très gaie. En main, les sensations sont également très bonnes, même si la petite taille de la console peut créer quelques petits problèmes de confort à long terme, selon la morphologie et la sensibilité de chacun. Mais la bonne surprise vient surtout de ce fameux écran, qui attire l’attention de la Game Boy sur l’absence de toute forme d’éclairage. Mais rassurez-vous : sa lisibilité est excellente, bien meilleure que les premières consoles portables de Nintendo. Et s’il est certes impossible de jouer dans le noir complet, il n’est cependant pas nécessaire de se déformer sous la lumière directe d’une lampe pour espérer y voir quelque chose. Au contraire, le caractère non émissif de l’écran a même l’avantage d’être plus calme à l’œil, comme l’affichage d’un lecteur électronique.

Première saison de 24 matchs, à intérêt variable

Et côté contenu, comment ça se passe ? Encore une fois assez inhabituel. Panic a fait le choix assez astucieux d’organiser son planning de voyages sous forme de “saisons”. Le premier vient de commencer au moment de la rédaction et durera 12 semaines, pendant lesquelles deux nouveaux jeux sortiront chaque semaine. Au total, vingt-quatre titres pourront donc être téléchargés (via le wifi) sans surcoût pour tous les acheteurs de la machine. Pour les prochaines saisons, plusieurs jeux ont déjà été annoncés, mais rien n’est figé quant à la forme qu’ils prendront, le nombre de jeux qu’ils contiendront, et surtout le prix auquel ils seront proposés. Panic préfère vraiment garder une certaine liberté pour ajuster ses plans en fonction du succès de la première saison.

Parmi tous ces jeux, ce sont 10 titres auxquels nos amis Gamekult ont eu accès pour leur test machine. Qu’il suffise de dire, peut-être sans grande surprise, que tous n’utilisent pas la manivelle avec beaucoup d’attention et d’inspiration. Parmi les meilleurs élèves en la matière, on retrouve notamment Time Travel Adventure, qui découle de l’imagination fertile de Keita Takahashi (créateur de Katamari Damacy). Ce jeu de plateforme se joue même exclusivement avec la manivelle, que l’on fait tourner dans un sens ou dans l’autre pour avancer ou reculer le temps et ainsi permettre à notre personnage de traverser une série de tableaux en rythme. ce qui lui fait éviter les nombreux obstacles sur son chemin. Utilisation très ingénieuse du mécanisme, mais qui s’accompagne malheureusement de quelques déceptions : la précision que le jeu demande par endroits n’est pas vraiment compatible avec son affichage sur un tout petit écran non éclairé.

Une aventure dans le temps. © Panique

Après tout, le constat le plus troublant est qu’actuellement les jeux les plus jouissifs et avec le goût le plus prononcé pour le retour à la machine sont majoritairement chez ceux qui utilisent la manivelle de la manière la plus secondaire. , même anecdotique. Tel est le puzzle game avec une vue Zipper isométrique de Bennett Foddy (QWOP, Getting Over It), où la manivelle ne sert qu’à lancer des visualisations de chaque mouvement, complètement facultatives. Quant au Pick Pack Pup “match-3”, il vous invite uniquement à tourner la manivelle pour… caresser la tête du chiot du même nom dans le jeu. Nous n’en tirerons donc pas grand-chose à part une petite blague.

Après l’effet de la curiosité, que restera-t-il ?

Après tout, au-delà de l’attrait initial de la machine, il faut avouer que ses jeux n’ont guère de mal à être plus que sympathiques, curieux certes, parfois excitants, mais jamais assez pour en trouver de quoi y passer plus de quelques heures. Et voilà que, soudain suspendu au-dessus de Playdate, il y a un risque sérieux qu’il finisse vite oublié au fond du tiroir. Évidemment, le salut n’est pas impossible à venir des futurs jeux sur la machine. Et là on ne parle pas seulement de ceux auxquels sont attachés les grands noms du jeu vidéo – par exemple, de fortes attentes se sont créées autour de Mars après minuit, la prochaine création de Lucas Pope (Documents, please, Return of the Obra Dinn) – mais aussi des titres signés de la main de tous les jeunes créateurs pour qui Playdate se veut aussi un tremplin. C’est pourquoi Panic a essayé de rendre le SDK aussi facile à utiliser que possible et de le rendre disponible en téléchargement gratuit par n’importe qui.

Cette démarche portera-t-elle ses fruits ? Les joueurs qui ne sont pas encore passés au box-office ont quand même le temps de voir : si vous décidez de passer commande aujourd’hui, pas avant 2023, vous serez débité de 242 dollars (soit 179 dollars pour la console + 27 dollars transport vers la France + 36 dollars taxes, quand même !) confirmant l’expédition de la machine.