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Président français Discussions animées entre Macron et Le Pen sur la Russie pendant le débat

(Paris) Deux finalistes à la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, ont chauffé les désaccords mercredi soir lors de leur débat télévisé, s’affrontant avec la Russie, l’économie, les prix de l’énergie et même l’Europe, à quatre jours du second tour.

Publié à 15h33 Mis à jour à 16h21

Léon BRUNO et Christophe PARIER avec le service politique de l’AFP Agence France-Presse

Interrogé sur l’Ukraine, le très offensif candidat Macron a accusé son rival de “dépendre de la puissance russe” et “Monsieur Poutine” d’avoir “emprunté auprès d’une banque russe”.

“Vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie, c’est ça le problème, Mme Le Pen”, a déclaré la candidate à la présidentielle, Mme Le Pen, qui s’est dite “patriote”. […] une femme absolument et complètement libre ».

Elle a accusé Macron de “posture indécente”, qualifiant son attaque de “tout à fait injuste”.

“Ce soir, ce n’est pas Gérard Majax, Madame Le Pen”, “vous n’expliquez jamais comment vous financez vos projets, vous n’êtes pas honnête avec les gens”, “le projet que vous mettez en place est un projet qui rétrécit” : la candidate à la présidentielle a multiplié les attaques contre tous sujets.

Surtout en Europe. “Votre plan est de quitter l’UE. Vous mentez sur la marchandise. “L’Europe est en copropriété, nous ne pouvons pas décider de repeupler nous-mêmes la façade”, a-t-il déclaré.

Mme Le Pen vient de dire qu’elle veut “rester dans l’Union européenne” mais “la changer en profondeur pour aboutir à une Union européenne des Nations”.

Abordant d’abord le sujet du pouvoir d’achat, problème numéro un des Français, selon les recherches, les deux opposants ont adhéré à leurs propositions respectives d’incitations à augmenter les salaires et les primes, chacun accusant l’autre de faire croire que les augmentations seront ” automatique “.

“Vous ne toucherez pas vos salaires, Madame Le Pen.” “Tout comme vous ne ferez pas les primes de M. Macron”, ont lancé les deux candidats, qui s’affrontent pour la première fois depuis leur duel télévisé en 2017.

Le chef de file du Rassemblement national a défendu sa proposition de geler “les cotisations patronales” en cas de “10% d’augmentation de salaire jusqu’à 3 fois le Smic”.

“Crise sans précédent”

“C’est certes un manquement” pour l’Etat, mais “ce n’est pas un coût direct”, a assuré Mme Le Pen.

Les deux candidats sont également en désaccord sur les modalités de protection du pouvoir d’achat, notamment sur l’énergie, Emmanuel Macron défendant le bouclier existant et son projet de chèques-alimentation, Marine Le Pen, qui prône la baisse de la TVA.

M. Macron a reproché à son adversaire de ne pas avoir voté pour le bouclier à l’Assemblée nationale.

Le débat a commencé par des déclarations liminaires des candidats, Mme Le Pen déclarant que “la plus grande richesse de la France, c’est son peuple”. Se qualifiant de “porte-parole des Français”, elle se plaint de les voir depuis cinq ans “souffrance, inquiète de la dégradation et de l’insécurité qui reste généralisée”.

De son côté, le président sortant a insisté sur cette période de “crises sans précédent”, citant la pandémie de COVID-19 et la guerre sur le sol européen en Ukraine, disant vouloir “rendre notre pays plus indépendant et plus fort grâce à son économie”., par le travail, par la recherche, par l’innovation, par sa culture”.

Les deux adversaires se sont serré la main en entrant sur le plateau pour un débat de 2h30 animé par les journalistes vedettes de TF1 et France 2, Gilles Boulo et Léa Salame.

Après moult tractations et tirages au sort pour cet incontournable rendez-vous présidentiel, le candidat RN a été le premier à prendre la parole et va conclure le débat.

Selon les experts, l’exercice ne perturbe généralement pas la dynamique des intentions de vote. Mais cela pourrait permettre de remobiliser certaines circonscriptions et “de déplacer plus de voix qu’on n’en a vu depuis le début de la Ve République”, estime Bryce Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos France.

D’autant plus qu’une éventuelle forte abstinence peut rendre difficile le fait de jouer le dimanche. Environ 69% des personnes interrogées disent qu’elles voteront certainement, selon le sondage Ipsos, une baisse de six points par rapport aux sondages du 30 avril et du 1er mai 2017.

A quatre jours du second tour, les enquêtes d’opinion donnaient systématiquement au président sortant un avantage de 54 à 56,5% des suffrages, contre 43,5% à 46% pour Marin Le Pen. C’est une différence de 8 à 12 points.

Les deux candidats divergent sur l’Ukraine, les relations avec la Russie, et presque tout le reste : des retraites à l’environnement, en passant par le port du voile, les libertés civiles et les institutions, le pouvoir d’achat et l’Union européenne.